Les Coteaux varois en Provence ? Cette AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), petite par la taille, mais grande par la renommée, compte parmi les meilleurs rosés de Provence. Loin de la douceur du littoral, elle se concentre sur un terroir bien plus coriace, au cœur de la Provence Verte.
Vous la connaissez sans le savoir. Lovée en dentelles au milieu des Côtes de Provence, l’AOC Coteaux varois en Provence est souvent confondue avec sa voisine. Par contre, si je vous dis Brad Pitt & Angelina Jolie, alors là, tout de suite… Laissons pour l’instant de côté le couple star dans son Château Miraval. Concentrons-nous plutôt sur le terroir de ces Coteaux varois, qui a quelque chose à exprimer.
Un terroir singulier
Coincées entre le massif de la Sainte-Baume et les contreforts du Verdon, les terres s’étalent sur plus de 2750 hectares, depuis Brignoles jusqu’à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.
Vallonné, tout en courbes et en bosses, le territoire déroule des terres calcaires, au climat presque continental. Ici, point d’influences marines… Les étés sont chauds, très chauds, et les hivers rudes. La vigne puise dans cette rigueur une vigueur singulière.
Une histoire millénaire
Ici, la vigne a toujours été présente. Dès l’antiquité, les Romains répandent la viticulture le long de la Via Romana. Viennent, au Moyen-âge, les Templiers, les Comtes de Provence et les moines.
Etonnamment, ce furent ensuite les mineurs qui prirent le relais de cette histoire viticole. Au XIXe siècle, outre la polyculture, les ouillères dominaient en effet le pays. Pour arrondir leur salaire, les mineurs travaillent alors la vigne. Au début du XXe siècle, cette dernière s’est considérablement développée. Apparaissent ainsi les premières coopératives. Il en reste 9 aujourd’hui.
Une renommée grandissante
Créée en 1993, l’AOC Coteaux varois – aujourd’hui dénommée Coteaux varois en Provence -, répond à la singularité de ce terroir. Si la ferveur (mondiale !) pour le rosé, l’a peu à peu poussée à se concentrer sur cette couleur, l’appellation comptait pourtant une grande tradition de vins rouges.
Aujourd’hui, ses 70 domaines produisent essentiellement du rosé (91%), mais leurs rouges méritent qu’on s’y attarde. Issus d’un assemblage de deux cépages au minimum (à 80%), les vins sont essentiellement élaborés à partir des cépages principaux : cinsault, mourvèdre, grenache et syrah. En blanc, le rolle (ou vermentino) est roi, présent à 30% minimum. Il s’entoure de clairette, de grenache blanc, de sémillon ou d’ugni blanc.
Entre vieilles vignes et abbaye royale, un conservatoire d’exception
Notre promenade à travers les coteaux varois commence ici. A La Celle, dans l’enceinte d’une ancienne abbaye royale, la Maison des Vins se love dans un cadre splendide. Depuis 1994, les lieux accueillent un trésor d’exception : le conservatoire des cépages, qui recèle 88 variétés de cépages cultivés en Provence, dont de vieux spécimens presque oubliés… Chaque semaine, la Maison des Vins propose une sélection de vins en dégustation.
Maison des Vins
Abbaye de La Celle – La Celle
Tel : 04 94 69 33 18
Ne manquez pas, juste à côté, de visiter l’église abbatiale. Fondée dès le XIe siècle par les moines de Saint-Victor, à Marseille, elle abrite un Christ polychrome du XIVe siècle et des retables baroques. L’histoire de l’abbaye fut marquée, au XIIIe siècle, par la présence de la comtesse de Provence, Garsende de Sabran. Au XVIe et XVIIe, l’histoire devint sulfureuse : on raconte que les bénédictines avaient tant relaché leurs moeurs qu’elles avaient des cellules personnelles, et recevaient fastueusement famille et galants ! Ce fut le scandale et Mazarin fit fermer l’abbaye en 1657.
Château La Calisse
Plus au nord, à 400 mètres d’altitude, il domine fièrement ses lignes de vignes, qui quadrillent le paysage. Travaillées en bio depuis 30 ans, les vignes, vendangées à la main, à froid, produisent des rosés subtils, principalement en grenache, et des rouges aux arômes de cassis et de mûres. La réputation des crus n’est plus à faire. Mais, comme l’indique modestement Patricia Ortelli, tombée amoureuse de la région il y a plus de 25 an : “c’est le terroir qui nous fournit les arômes que l’on retrouve dans les vins“. On en profitera pour goûter aussi à l’huile d’olive, de belle qualité.
Château La Calisse
D560 – Pontevès
Tel : 04 94 77 24 71
Sur le web : chateau-la-calisse.fr
Domaine du Loou
Les vignes y forment 60 hectares, d’un seul tenant. Cultivé en agriculture biologique, ce domaine est l’un des plus anciens de l’appellation et ses crus en sont une expression parfaite. Familial et accueillant, il ouvre aux visiteurs de passage son caveau convivial, où trône quelques vestiges exhumés d’une proche villa gallo-romaine.
Domaine du Loou
La Roquebrussanne
Tel : 04 94 86 94 97
Sur le web : domaineduloou.com
Château Lafoux
Enchanteur, indéniablement. Il y a ici un je-ne-sais-quoi qui apaise immédiatement l’esprit. Entre bosquets de lavande et oliviers, le domaine a vu les siècles passer. Situé non loin de la Via Aurelia, il aurait accueilli des vignes dès l’Antiquité – en tout cas, dès 1032, c’est attesté. Mais c’est en 2000 que les actuels propriétaires récupèrent ce domaine, en friche, où subsistent pourtant de vieilles vignes, avec des uniblanc aujourd’hui âgés de 70 ans et des sinsault de 60 ans. Le domaine ouvre généreusement ses portes aux visiteurs, qui peuvent à loisir s’y promener (visites pédagogiques sur réservation). Les rosés furent un des coups de cœur de nos papilles. Produits en bio depuis 2011, ils témoignent de cette recherche : “le moins de technique possible“, on essaie juste “d’être attentif au terroir pour l’amener jusqu’à la bouteille“.
Château Lafoux
Tourves
Tel : 04 94 78 77 86
Sur le web : www.chateaulafoux.com
Château Margüi
Il y a d’abord le lieu. Entre vignes, forêts et olivier, le “château” du XVIIIe s’entoure de jardins et de bassins enchanteurs, avec, pour horizon, la silhouette de la Sainte-Victoire. En 2000, le domaine fut repris par Marie-Christine et Philippe Guillanton. Et le succès, fulgurant. Ses crus se partagent entre AOC Côtes de Provence et AOC Coteaux varois en Provence, dont il est un des fleurons. Ses bouteilles sont déjà sur les plus belles tables gastronomiques.
Château Margüi
Chateauvert
Tel : 09 77 90 23 18
Sur le web : www.chateaumargui.com
Bastide de Blacailloux
C’est l’une des plus anciennes bastides de la région et, aujourd’hui, l’une des caves les plus contemporaines ! Son architecture épurée toute de bois vêtue accueille les visiteurs tout au long de l’année, avec dégustations et explications à la clé.
Bastide de Blacailloux
Tourves
Tel : 04 94 86 83 83
Sur le web : www.bastide-de-blacailloux.com
Finissons-en donc avec Miraval : le domaine n’a pas attendu Brad et Angelina pour être célèbre. D’abord parce qu’il abrita auparavant le studio Miraval, qui enregistra notamment les Pink Floyd, The Cure, AC/DC ou encore Indochine… Ensuite, parce que ses crus sont, aujourd’hui, tout aussi célèbres pour les connaisseurs. Elaborés par la famille Perrin, ils se partagent entre Côtes de Provence et Coteaux varois.
A voir en chemin
Ce pays de vieilles pierres abrite aussi la basilique de Sainte Marie-Madeleine, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, le plus grand édifice gothique de Provence. Sa crypte conserve des sarcophages des IVe et Ve siècles.
Le massif de la Sainte-baume abrite, à 860 m d’altitude, un haut lieu de pèlerinage : la grotte de Marie-Madeleine. La légende raconte que Marie-Madeleine, après avoir accosté en Camargue (où Marie-Jacobé et Marie-Salomé demeurèrent et devinrent les “Saintes Maries de la mer”), aurait poursuivit son chemin jusqu’à cette grotte et y aurait fini sa vie. On l’atteint via un escalier de 150 marches (45 mn environ). De là, on grimpe encore un peu pour découvrir le panorama sur toute la côte varoise. Splendide.
SEJOURNER : LA halte à l’Hostellerie de l’Abbaye de la Celle
Impossible de trouver plus adéquat. Maison Ducasse depuis 1999, classé 5 étoiles, membre de Châteaux et Hôtels Collection, l’établissement est, forcément, d’excellence. Lovée entre l’église abbatiale et le conservatoire des cépages, cette hostellerie a une âme, où se cultive un charme, subtil et indéfinissable, qui en constitue l’exception. Serait-ce ces cépages anciens se découpant entre des œuvres d’art ? Serait-ce cette fontaine moussue aux notes claires ? Ce jardin des “simples”, ce potager, ces cyprès centenaires ? C’est tout cela, sans doute, qui procure une sensation de bien-être, dans cette demeure raffiné et confortable.
Dans les jardins, les 10 chambres et suites sont réparties entre la bâtisse principale du XVIIIe et les “Béguinages” (lieux où vivaient les religieuses). Y sont évoqués les femmes de l’abbaye : Garcende de Sabran, illustre comtesse de Provence, et Béatrice de Villeneuve, Cécile d’Evenos, Sancie de Signes, Angélique de Champigny ou Etiennette de Sault, ces nonnes (singulières) qui marquèrent leur époque. Murs chaulés, rideaux de soie, délicates gypseries, mobilier en noyer, faïence de Salernes, fer forgé, patines à l’ancienne… Aucun détail n’est laissé au hasard.
Hostellerie de l’Abbaye de La Celle
Hôtel 5 étoiles à La Celle
A partir de 199 €/nuit
Tel : 04 98 05 14 14
Sur le web : www.abbaye-celle.com
A suivre
Magnifique domaine au cœur de l’appellation, le Château Saint-Julien, à La Celle, s’ouvre aux hôtes avec quatre chambres dédiées à l’art de recevoir.
Bastide Saint Julien
Maison d’hôtes à La Celle
A partir de 190 €/nuit
Sur le web : www.bastide-saint-julien.com