Direction le sud marocain, à la lisière de l’Algérie. Là commence le Sahara, océan de sable de près de 9 millions de km2. Au creux de dunes ondoyantes se love l’Umnya Dune Camp. Tous les rêves de désert s’y réalisent.
Atteindre l’Erg Chegaga
Nous sommes ici à plus de 2h30 du dernier village sud marocain, M’Hamid el Ghizlane, à la lisière du Sahara. Ensuite, c’est l’Algérie, et, encore plus au sud, Tombouctou, au Mali, de l’autre côté du désert, point de ralliement des anciennes caravanes.
Le désert ne commence jamais d’un seul coup. Il s’annonce, s’étale, s’étire et se renforce peu à peu. A 250 km à la ronde, l’aridité est déjà omniprésente. Les rivières, et notamment le Drâa, conditionnent la possibilité de la végétation, et de la vie. A M’Hamid, beaucoup s’arrêtent. Quelques dunes à proximité suffisent à nombre de visiteurs. A une cinquantaine de kilomètres vers l’ouest, l’Erg Chegaga se mérite.
Le 4×4 emprunte une piste cahoteuse, digne d’un rallye, et zigzague à vive allure entre rochers et bancs de sable. Petit à petit se dessinent les dunes, de plus en plus ondoyantes, de plus en plus dorées, de plus en plus langoureuses à mesure qu’elles prennent de l’ampleur. La perte de repaire est totale. Notre chauffeur se dirige pourtant parfaitement. Il est né ici. Il connait chaque anfractuosité du paysage et chaque point stable émergeant à l’horizon des dunes mouvantes. Moi, je ne pourrai vous dire comment s’atteint l’Umnya Dune Camp. Il est entre les dunes, quelque part dans l’Erg Chegaga.
Mille et une nuits à l’Umnya Dune Camp
La voiture s’arrête sur un banc de sable. Rien à l’horizon. Nous sommes au milieu de nulle part. Un homme enturbanné surgit alors, portant un plateau d’argent avec rafraîchissements. C’est en grimpant sur la crête que nous comprenons : de là se déploie le campement, à l’abri des dunes. Tel un décor des Mille et une nuits, il arbore un esthétisme à toute épreuve. Tentes blanches, coussins chamarrés, tapis bariolés, une balançoire, même, et quelques livres pour flâner… Le tout dans le scintillement des broderies argentées.
A l’écart, chacune des tentes est nichée dans l’intimité des dunes. Et dévoile d’autres merveilles : des poufs en cuir, des rideaux de coton, de vastes lits ultra confortables, des lanternes, des jeux et même quelques objets vintage – comme d’élégantes jumelles ou une longue vue.
Traditions berbères
S’il est vrai que les caravanes ne partent plus, que les camps ont fleuri et que les touristes sont désormais la principale ressource économique de la région, ici subsistent des traditions ténues, mais robustes. A Umnya Dune Camp, Salah est d’origine berbère et touareg. Son frère travaille avec lui. Tous deux sont nés ici. Le désert est leur maison. Ils portent en eux le mode de vie nomade des Touaregs et le savoir-faire berbère qui s’est transmis ici depuis des siècles et dont les origines se perdent dans les limbes de l’Antiquité. Face à eux, nous réalisons notre incompétence totale dans cet environnement que, eux, ont apprivoisé avec habileté. Ici, les choses prennent une autre valeur. L’eau, plus que tout. Chaque éclosion végétale est respectée. Chaque trace de vie honorée. Autre miracle, ici a été cultivé un sens de l’hospitalité très rare et très unique.
La vie dans le désert
Chaque étape de la journée a été pensée pour être exceptionnelle. Au matin, nous découvrons les yeux ébahis le petit déjeuner dressé en haut d’une dune.
La matinée est propice à la promenade, croisant ici une bande de dromadaires, là un parterre de fleurs, spectacle éphémère de ce printemps précoce. Nous guettons le scinque, fameux « poisson des mers », le scarabée du désert, mais nous aurions aussi pu apercevoir un serpent ou une chouette. A l’ombre de l’unique tamari à la ronde, nous savourons un pique-nique impromptu.
Soirées magiques
Au crépuscule, nous grimpons sur une haute dune : là, un salon improvisé permet d’assister aux lueurs du couchant, jouant sur les méandres sablonneux.
La nuit venue, le camp est uniquement éclairé à lueur des bougies. L’atmosphère est féérique. Les étoiles prennent le relais de cet enchantement. Voie lactée, Vénus, Grande Ourse, Cassiopée, Orion… on énumère leurs noms comme des mantras et l’on comprend pourquoi les Touaregs marchaient la nuit, usant du ciel comme d’une carte.
Comment sort-on d’un rêve ?
Par 2h30 de pistes frissonnantes ;
par une accolade fraternelle ;
par une poignée de sable oubliée au fond des chaussures…
Par l’image gravée d’une mer de dunes rougeoyantes, dans l’infini duquel se dresse une petite tente fragile, mais apprêtée de tout le luxe et l’attention possible, et dans laquelle on fut accueilli comme un roi en son palais.
Informations pratiques :
Umnya Dune Camp
Erg Chegaga,
Maroc
Sur le web : www.umnyadesertcamp.com